Lundi, 17 septembre 2007.
Et voilà, deux semaines ont passé, et je ne sais déjà plus par quoi commencer… La frustration se dissipe à mesure que je progresse en italien. Je ne connais toujours pas assez de mots pour satisfaire mon habituel besoin de communication, mais les progrès sont visibles, ce qui est encourageant, je progresse plus rapidement que mes camarades étrangers, ce qui est stimulant, et on me dit que je parle bien et que je prends bien l’accent, ce qui est profondément soulageant. Je suis sur la bonne voie, je n’ai plus qu’à m’accrocher à Patience et Persévérance…
Et voilà, deux semaines ont passé, et je ne sais déjà plus par quoi commencer… La frustration se dissipe à mesure que je progresse en italien. Je ne connais toujours pas assez de mots pour satisfaire mon habituel besoin de communication, mais les progrès sont visibles, ce qui est encourageant, je progresse plus rapidement que mes camarades étrangers, ce qui est stimulant, et on me dit que je parle bien et que je prends bien l’accent, ce qui est profondément soulageant. Je suis sur la bonne voie, je n’ai plus qu’à m’accrocher à Patience et Persévérance…
La semaine dernière, nous avions, en plus des quatre heures de grammaire de la matinée, deux heures et demi de cours « libre » avec une autre prof, laquelle était positivement frappée, et entre frappées, on se comprend. Nous avons eu droit, entres autres, à un cours de langue italienne « avec les mains ». Et oui, les nombreux gestes qui ponctuent le discours italien ne sont pas de vains brassements d’airs, mais ont chacun une signification précise. Je pensais qu’elle se moquait un peu de nous, mais l’éminent professeur Falassi, qui nous a dispensé aujourd’hui un cours de culture générale intitulé : « L’identita italiana : le tradizione in prospectiva antropologica », nous a distribué une fiche des principaux gestes italiens, et nous a passé un très sérieux film didactique sur le sujet. J’avais effectivement observé la plupart de ces gestes lors de mes « conversations » avec des autochtones (ils conversent et j’écoute…). C’est pas une blague, ils parlent VRAIMENT comme ça. Et moi aussi bientôt, parce que c’est plus facile que de conjuguer « avoir » au subjonctif imparfait. Comme si je ne gesticulais pas suffisamment en parlant...
Francesca (qui était erasmus à Lille l’année dernière, et qui m’a aidée pour tout à Sienne) est rentrée de France pour finir ses études à Sienne, et son retour m’a permis d’accélérer mon immersion. Je côtoie de moins en moins les erasmus et de plus en plus les « vrais » italiens, ceux qui interrompent ma tentative de phrase complexe pour me dire que j’ai des yeux magnifiques. Ils sont mignons. En plus, ils trouvent que le français est une langue trop sexy, donc il est inutile de savoir parler l’italien pour choper de l’italien. Note pour plus tard. (Papa, maman, Julia : je plaisante bien sûr.)
Ce samedi, l’università per stranieri nous a emmenés en promenade en Toscane. Au programme : Montepulciano, Pienza, et Bagno Vignone. Ça ne vous dit peut être rien, mais ce sont trois petits villages, trois petites merveilles posées sur une colline de la campagne toscane. De Pienza, il y avait une vue époustouflante, et le village était d’un romantisme enivrant ; les ruelles serpentant entre les maisons médiévales de couleur ocre aux balcons fleurissants s’appelaient toutes « rue de l’amour », « rue de l’éternité » , « obscurité complice », « place des amants », etc etc… C’était encore plus beau en italien mais mes souvenirs sont un peu flous. L’église de Pienza est construite sur une colline en roche très friable, ce qui fait que comme la tour de Pise, cette église penche doucement dans le vide. Il y a des fissures sur les murs et le sol à l’intérieur, et on sent vraiment l’édifice tomber vers l’avant. Il y a des sondes dans les murs pour suivre tout ça. C’est assez impressionnant. Bagno Vignone est la station thermale où se rendait Sainte Catherine de Sienne. Il y a une source d’eau chaude autrefois à 55°C, aujourd’hui à 30°C seulement, et des piscines naturelles ouvertes au public. Du haut de la collline, la vue était, une fois encore, indescriptible. Je vais vraiment m’installer en Toscane, quelque part dans la campagne. C’est magnifique. Je cherche les mots, mais tout ce qui me vient ce sont les images de ce jour, ces étendues de vert, d’ocre, et de bleu d’un ciel sans nuage.
Dimanche avait mal commencé. Avec ma coloc' finlandaise Tiina, sa compatriote Hannah, et Thibaut qui était venu passer quelques jours à Sienne, nous avions décidé d’aller à la plage. Après le passable mois de novembre de trois mois qui nous avait servi d’été en France, je rêvais de me prélasser sur le sable, en écoutant le clapotis des vagues. Vous savez, ce petit bruit envoûtant que fait la houle en s’écrasant sur le sable…ohhhhh oui… Après avoir vérifié, revérifié les horaires de bus, nous avions mis nos réveils à sept heures, soit terriblement trop tôt pour un dimanche matin (ie, un lendemain de samedi soir...) Nous arrivons au guichet de la station de bus sous une grisaille matinale peu encourageante, tout prêts à affronter l’amabilité de la guichetière. C’était pas la même que la dernière fois, mais j’ai bien reconnu sa gentillesse démesurée dans sa terrible réponse à notre requête ; le bus pour aller à la mer, « non c’è ». (« nonne-tché » = il n’y a pas.) La cruauté est dans le laconisme. Salope. Nous insistons, poliment, dans notre italien Assimil, mais si, c’est marqué – oui mais il n’y plus cette ligne après le 15 septembre – m’enfin vous desservez toujours les villes côtières non ? etc… après un quart d’heure de palabres épuisantes, nous réussissons à extraire la précieuse information : IL Y A un bus qui arrive à une plage, mais il faut faire un changement, et elle ne sait rien nous dire. Une heure de bus plus tard, nous arrivons dans une station glauque sous une épaisse couche de nuages, et je me dis que décidément , cette journée sent le mauvais plan, mauvais plan, mauvais plan… D’instinct, nous nous ruons vers l’unique bus présent dans la station, lequel affiche une destination « marina da sole » ce qui sonne bien comme un nom de plage. Le chauffeur, autrement plus chaleureux que les pétasses du guichet à Sienne, nous rassure immédiatement. ON VA A LA PLAGE. En plus, c’est pas loin. Et vingt minutes plus tard, nous descendons effectivement à quelques mètres d’une plage de sable noir, baignée de quelques rayons de soleil qui percent à travers la couche de nuages. Laquelle commencent à se dissoudre…et en moins d’une heure, nous étions doigts de pieds en éventails au bord d’une eau turquoise. LE PARADIS. Après trois mois de stage en hiver, une vraie journée d’été, une vraie journée de vacances, quelques heures de far niente sur une plage du paradis. Soulagement, félicité, que vous dire ! C’était une journée en or. En quelques heures, le plan foireux était passé au rang de hold up de l’année ; la plage pour nous tous seuls, un soleil d’acier tandis qu’il pleuvait sur Pise et faisait gris sur Sienne. Moi qui était d’une pâleur maladive, j’arbore à présent un teint caramel tout à fait digne des italiennes. J’ai cependant réussi à prendre un coup de soleil sur les paupières, ce qui doit être un record je pense. Du coup au réveil ce matin, j’avais les yeux enflés d’un crapeau, et j’y voyais plus. Peu importe, ça en valait la peine. Mes yeux ont désenflés à coup de glace et de crème hydratante, et on dirait maintenant que je porte de l’ombre à paupière rose-rouge, mais j’ai l’habitude du ridicule, mal inoffensif. J’ai passé une journée de rêve au paradis.
Je m’apprête à affronter une semaine rude : tous les soirs, cours de culture générale italienne avec l’éminent professeur Falassi, et les intitulés sont aussi attractifs que celui cité plus haut. Le point positif, c’est que je comprends ce qu’il raconte et que j’arrive à prendre des notes en même temps, ce qui est de très bonne augure pour le début des cours en octobre.
Merci pour les nouvelles de tous, je vous lis des quatre coins du monde et je constate qu’on vit tous une expérience « de ouf ». La vie semble incroyablement moins réelle ici, sans repères, sans habitudes, sans visages ni présences connus. Notre vie continue quelque part, sans nous, alors que nous sommes en vacances…quelque part au paradis.
La suite à suivre, en direct de la dimension parallèle « 3A ».
C.
3 commentaires:
paradiso et non paradisio. D'ailleurs, j'aurais plutôt écrit in paradiso mais c'est à vérifier.
très drôle le coup du coup de soleil sur les paupières :-)
post scriptum :
http://www.dizionario-francese.com/francese-italiano.php
Utile.
Corrigé !
Merci pour ce petit lien qui me sera FORT UTILE !
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