dimanche 28 octobre 2007

Et la vie recommence…

Lundi, 1er octobre 2007.

Une fois passés les premiers temps, où se mélangent excitation et frustration, les habitudes s’installent et la vie recommence. Chronique de jours ordinaires :

Je suis finalement installée. Ma chambre double aux murs nus, au plâtre écailleux, au carrelage design pub Ajax fête des fleurs (AVANT le passage du balai magique) mon armoire en équilibre précaire qui hurle comme le vent sur un cimetière un soir de pleine lune à chaque fois qu’on l’ouvre, le puzzle qui sert de porte de douche et la non-existence de l’isolation de la fenêtre font désormais partie de l’environnement chaleureux et rassurant de mon « chez-moi », au cœur de la contrada de la Louve.

Je suis allée à Rome. Cinq heures de marche sous la cagna, et c’est rien comparé aux 40-45°C de juillet. La guide souffrait rien que de raconter ses descentes quotidiennes sur le Forum, qu’ils surnomment La Vallée de L’Enfer en été. La ville m’a fascinée. Il nous arrive parfois, en passant quelque part, de nous dire « ici, je pourrais bien y vivre. » Rome était comme ça, un de ces endroits où le temps disparaît, où l’espace d’une heure ou d’une journée, on sort de la réalité. Oui, je pourrais bien y vivre.

Le lendemain, escapade d’une toute autre nature puisque lever aux aurores pour aller passer la journée sur une île paradisiaque avec un bus d’Erasmus. Le Gruppo Erasmus de Sienne est très actif (et regorge de beaux gosses polyglottes), nous voilà donc tous partis direction Isola del Giglio : petit port de style très Cubain, très typisch (tuupiche pour les non-germanophones), plage de sable fin, lagune turquoise. Le soleil n’a fait qu’une apparition timide, ce qui arrangeait beaucoup feu-mon coup de soleil sur les paupières à peine résorbé, et qui n’enlevait rien à la beauté du paysage, ni au fun de la journée. Fun, car le très dynamique quintet du groupe erasmus a motivé les troupes pour une partie de « Béret » ou « Bandiera » pour la version originale ; deux équipes, chaque joueur a un numéro, faut être le plus rapide à récupérer le drapeau. Ambiance très colonie de vacances donc, surtout que tout le monde a joué le jeu, même les trois anglaises blondes-l’Oréal maquillées jusqu’aux oreilles en paréo mousseline. Je les charie mais elles sont sympa. (Soyons beau joueur !)

J’alterne entre comportement d’Erasmus qui se respecte et intégration en milieu italien. Le mercredi, c’est soirée Erasmus au Barone Rosso, bar plutôt sympa mais notoirement trop petit dans lequel il est impossible de circuler entre minuit et deux heures. J’ai beaucoup de mal avec la musique italienne, je suis pas fan de leur pop, et les bars jouent beaucoup trop de hip hop à mon goût, mais le mercredi soir, c’est Valério, l’ex-président du groupe Erasmus qui tient le rôle du DJ, et qui le tient bien ; j’ai ma dose de rock music, même si ça manque cruellement de danseurs…
Vendredi soir, c’était la dernière soirée entre étudiants du cours d’italien ; la plupart n’étaient venus à Sienne que pour le cours intensif, et s’en allaient à présent vers d’autres villes d’Italie pour y passer l’année ; on a évidemment échangé nos adresses (je garde notamment celle de l’allemand qui va en Sardaigne, et de la Finlandaise qui va à Venise !). C’était accessoirement l’anniversaire d’un des mexicains, colocs de Salva, un ami espagnol. Du coup, gros bordel chez eux, la voisine du dessus a d’ailleurs balancé un seau d’eau sur la terrasse vers les onze heures. Ces traitres m’ont fait boire du Gallimocho avant de m’avouer que c’était du vin rouge mélangé à du COCA-COLA. Pour ce crime, ils recevront un châtiment d’une cruauté exemplaire. Je réfléchis encore. Après avoir pris conscience que s’ils ne nous jetaient pas dehors tout de suite, ils allaient se retrouver à la rue le jour suivant, les colocs ont pris la bonne décision et nous sommes allés investir la fête de la contrada de l’Oca. Cette contrada a gagné le Palio de juillet, elle fête donc l’événement comme il se doit aussi souvent que ça lui prend. Ce vendredi, toutes les rues de la contrada étaient décorées aux couleurs de la contrada, les gens étaient déguisés, bourrés, joyeux, il y avait des bars et des pistes de danse en plein air tous les deux pas, c’était l’euphorie générale. J’y ai retrouvé un espagnol qui me parlait itagnol avec un accent andaloux… je vous fais pas un dessin. C’est trop facile.

Samedi soir en revanche, soirée italienne, qui a commencé comme il se doit par l’apéritif, au Diacceto. On s’y pointe vers les huit heures, il y a toujours quelqu’un qu’on connaît, on rencontre les amis des amis, on boit un verre de vin rouge ou un mojito en picorant des trucs italiens. (pas cher !!!) J’y retrouve souvent le groupe qui m’avait accueillie le premier soir, le samedi de mon arrivée. Après l’apéro, nous sommes partis à six dîner chez Attilio et Donato, en dehors de Sienne. Ils ont cuisiné un repas banal pour eux, et donc exotique pour moi : un « primo piatto » de « orechiette con cime di rapa e pomodori », je ne sais toujours pas ce que c’est que la « rapa » (ni si ça s’écrit comme ça d’ailleurs) mais c’était très bon, je n’en avais jamais goûté. Après, un « secondo piatto » de poulet au citron avec un « contorno » d’aubergines à la poêle. Entre temps, ils m’ont fait goûter de l’andouilla calabrese (orthographe incertaine), soit une espèce d’andouillette froide très épicée (j’ai beaucoup aimé !) et de la « ricotta forte », que j’ai beaucoup moins aimée parce que ça m’a rappelé un roquefort ayant mal vieilli. Et pour clore le repas bien sûr, un café. Nous sommes retournés à Sienne pour retrouver d’autres amis, que je n’avais pas revu depuis plusieurs semaines. J’ai fait des sacrés progrès en italien, ça en a surpris plus d’un. Faut dire qu’une C. qui parle donne le change de celle qui était, il y a quelques semaines de ça, infoutue d’aligner sujet-verbe-complément dans leur langue. J’ai encore un peu de mal à les comprendre, mais c’est leur faute ils viennent tous de différentes régions d’Italie avec différents accents, ce qui rend d’une part, la compréhension difficile, et d’autre part, m’empêche d’attraper l’accent, étant donné que j’en entend 5 différents par jour (Siciliano, Pugliese, Sarda, toscano, italiano.) Préférence pour la Sarde qui parle lentement en articulant. Je l’aime.


À l’heure où je termine ce compte rendu épique, nous sommes mercredi, soit le jour de la soirée erasmus, thème « chapeaux et lunettes ». Je regrette de ne pas pouvoir partager tous ces moments en images, mais mon appareil photo a définitivement rendu l’âme, après une longue agonie. Et j’ai la flemme de me faire envoyer par mail les photos que les autres ont pris. Les anglaises sont sur Facebook, je m’y ferais tager si je les y trouve.

Au prochain épisode : rentrée universitaire…

C.




2 commentaires:

Anonyme a dit…

Pitié ! Pas trop souvent les menus ! Je salive devant mon ordinateur...

Célimène a dit…

Et cependant arrivera en temps voulu un commentaire de l'incontournable gastronomie italienne... Papilles sensibles s'abstenir !