Dimanche 2 septembre 2007, 23h. Deuxième nuit à Sienne…
À moi-même.
Je vis dans un rêve. Tout est musique, couleurs, mélodies, harmonie. J’ai remonté le temps, et je suis coincée entre les siècles. Un décor médiéval, une chaleur estivale, une ambiance jeune & electro.
Le plus difficile ? Lutter pour extraire les mots qu’on sait présents, on les connaît, leur sens, leur usage, il y a bien longtemps qu’on les a domptés. Et pourtant, ils résistent, et la lutte est vaine. Il faut se résigner à sourire, secouer la tête, lever les yeux au ciel, tout pour communiquer, à tout prix. On peut communiquer sans mots. C’est possible. Mais les mots ne servent pas qu’à communiquer. Ils servent à exprimer les sensations, les sentiments, les états d’âme. On peut exprimer ses sentiments sans mots, dans une certaine mesure. Mais que faire quand les yeux ne savent plus où regarder, que les oreilles brûlent d’entendre ces sons inconnus, que la tête déborde déjà d’images et de souvenirs, d’empreintes de ce nouveau lieu ? Il faut des mots. Même les mots ne suffisent pas, et lorsqu’on les a épuisés, que le silence revient, alors arrive le soulagement. Mais sans mots, pas d’exutoire. J’explose de sensations. J’ai le sentiment d’avoir perdu la parole, et que si on me la redonnait, je pourrais parler des heures, jusqu’à m’assécher la langue. Au lieu de ça, je noircis des pages, à la douceur de la nuit, sous les étoiles, avec pour seule lumière celle qui vient de la rue, et se réfléchit sur ces murs dix fois centenaires. Et pour seul bruit, la musique de cette langue qui m’exaspère et me nargue et qu’il me faut dompter, puis apprivoiser. C’est incroyable la facilité avec laquelle les mots me viennent alors que ma plume glisse sur ce papier. C’est signe de l’intensité de la frustration que génère la rétention de mes émotions dans cette prison de silence. C’est avec une rage vengeresse que j’exhibe des perles de langue française entre ces lignes que personne ne lira. Peu m’importe, j’ai seulement besoin de l’exprimer.
Voilà près d’une minute entière que je suis restée le stylo en l’air ; ma rage d’écrire a pris fin, l’exercice a rempli sa fonction cathartique. La ferveur pratiquement colérique qui tendait les muscles de mon poignet il y a encore quelques instants de cela a laissé place au soulagement. Exorcisé, mon corps est libéré de ses tensions. Je peux sentir ma respiration s’apaiser, les muscles de mes joues se détendrent, et presque aussitôt, redessiner un sourire, cette fois-ci empreint de sérénité. Ma tête sur le point d’exploser quelques minutes auparavant semble soudainement incroyablement vide, et le poids qu’elle exerçait sur mes épaules a disparu.
C’est fait. Je suis calme. Sereine. Et faire le vide m’a permis d’identifier le sentiment qui m’étouffait de son abondance, de son omniprésence.
Du bonheur pur.
C.
À moi-même.
Je vis dans un rêve. Tout est musique, couleurs, mélodies, harmonie. J’ai remonté le temps, et je suis coincée entre les siècles. Un décor médiéval, une chaleur estivale, une ambiance jeune & electro.
Le plus difficile ? Lutter pour extraire les mots qu’on sait présents, on les connaît, leur sens, leur usage, il y a bien longtemps qu’on les a domptés. Et pourtant, ils résistent, et la lutte est vaine. Il faut se résigner à sourire, secouer la tête, lever les yeux au ciel, tout pour communiquer, à tout prix. On peut communiquer sans mots. C’est possible. Mais les mots ne servent pas qu’à communiquer. Ils servent à exprimer les sensations, les sentiments, les états d’âme. On peut exprimer ses sentiments sans mots, dans une certaine mesure. Mais que faire quand les yeux ne savent plus où regarder, que les oreilles brûlent d’entendre ces sons inconnus, que la tête déborde déjà d’images et de souvenirs, d’empreintes de ce nouveau lieu ? Il faut des mots. Même les mots ne suffisent pas, et lorsqu’on les a épuisés, que le silence revient, alors arrive le soulagement. Mais sans mots, pas d’exutoire. J’explose de sensations. J’ai le sentiment d’avoir perdu la parole, et que si on me la redonnait, je pourrais parler des heures, jusqu’à m’assécher la langue. Au lieu de ça, je noircis des pages, à la douceur de la nuit, sous les étoiles, avec pour seule lumière celle qui vient de la rue, et se réfléchit sur ces murs dix fois centenaires. Et pour seul bruit, la musique de cette langue qui m’exaspère et me nargue et qu’il me faut dompter, puis apprivoiser. C’est incroyable la facilité avec laquelle les mots me viennent alors que ma plume glisse sur ce papier. C’est signe de l’intensité de la frustration que génère la rétention de mes émotions dans cette prison de silence. C’est avec une rage vengeresse que j’exhibe des perles de langue française entre ces lignes que personne ne lira. Peu m’importe, j’ai seulement besoin de l’exprimer.
Voilà près d’une minute entière que je suis restée le stylo en l’air ; ma rage d’écrire a pris fin, l’exercice a rempli sa fonction cathartique. La ferveur pratiquement colérique qui tendait les muscles de mon poignet il y a encore quelques instants de cela a laissé place au soulagement. Exorcisé, mon corps est libéré de ses tensions. Je peux sentir ma respiration s’apaiser, les muscles de mes joues se détendrent, et presque aussitôt, redessiner un sourire, cette fois-ci empreint de sérénité. Ma tête sur le point d’exploser quelques minutes auparavant semble soudainement incroyablement vide, et le poids qu’elle exerçait sur mes épaules a disparu.
C’est fait. Je suis calme. Sereine. Et faire le vide m’a permis d’identifier le sentiment qui m’étouffait de son abondance, de son omniprésence.
Du bonheur pur.
C.
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